BAPTISTE

Baptiste pense que la vie est surprenante, voilà pourquoi il écrit des histoires, des brèves de vie, des rencontres. Il narre la vie des autres, de ses patients, des gens qu’il côtoie à l’hôpital, de ceux qu’il guérit ou qu’il réconforte. Il lui arrive de parler d’amour, de l’amour des petits vieux qui tremblent les mains jointes, de l’amour d’une mère pour ses enfants, de l’amour des adolescents inconscients. Or, aujourd’hui, Baptiste raconte sa propre histoire d’amour.

Selon Baptiste, il existe un impératif biologique, qui fait que les mâles et les femelles sont voués à essayer plusieurs partenaires. Mais quand Marie est partie, Baptiste a oublié les cours de bio, la génétique et la loi des hormones pour se trouver dévasté.
Baptiste a aimé Marie pendant 4 ans et l’imaginait en robe blanche ; il était persuadé qu’ils auraient des enfants ensemble, une grande maison avec une balançoire dans le jardin. Or, la vie prend parfois un cours inattendu et il arrive que les chemins se séparent. Marie est partie. Adieu l’imaginaire, la robe blanche, les enfants sur la balançoire. Seul le temps qui passe peut guérir un tel chagrin d’amour.

Pour se changer les idées et accélérer la convalescence, Baptiste est parti en Italie. Il s’est un jour installé sur une terrasse d’un petit bar quand soudain, un bel Italien s’est avancé vers lui et lui a dit : "Tu sei il ragazzo più bello che ho incontrato nella mia vita." (Baptiste connaît cette phrase par cœur, même s’il ne parle pas italien. Elle signifie : "Tu es le plus beau garçon que j'ai vu de ma vie.")
Surpris, Baptiste a repoussé le jeune homme, lui signifiant qu’il n’était pas intéressé.
L’Italien s’est alors reculé et s’est mis à danser. C’est ainsi, parce que la vie est surprenante, que Baptiste est tombé amoureux de ce jeune danseur de l’Opéra de Rome.

Baptiste et le danseur sont restés 6 mois ensemble. Baptiste faisait des allers-retours pour entretenir l’inattendu, pour vivre une romance avec un quasi inconnu. Avant l’Italie, Baptiste n’avait jamais été amoureux d’un autre homme, mais ce garçon-là a dansé et Baptiste s’est épris de lui.

Baptiste est bien placé pour dire que personne ne devrait être sûr de son désir avant d’avoir vécu le dernier jour de sa vie. Baptiste nous confie que peu importe le sexe de la personne, l’essentiel est que celle-ci sache le faire rire.

Baptiste souligne qu’il y a quelque chose de très étrange avec la bisexualité car selon son choix, ses droits de citoyens sont amoindris. Lorsqu’il est avec une femme, il peut se marier, fonder une famille. Mais lorsqu’il est avec un homme, il se sent considéré comme un sous-citoyen. Certes, il a désormais le droit de se marier, or, pour avoir des enfants, tout est plus compliqué. Pourtant, rien n’a changé en lui, il s’agit simplement du hasard des rencontres. La vie est parfois tellement surprenante…