LEA

A 16 ans, Léa est bien dans ses baskets, elle "s'adapte", comme elle le dit dans un rire.

La voix est posée, le ton calme, et c'est avec assurance qu'elle parle "d'amour amoureux", d'amour avec un grand A. C'est quelque chose qu'elle n'a pas encore connu. Elle admet avoir eu quelques amourettes au collège, mais rien de bien sérieux. Selon Léa, avant le lycée, on n'est pas vraiment prêt, pas encore assez mature pour vivre quelque chose de grand et de fort. Quand on a 16 ans cependant, on commence à se découvrir, on se sociabilise davantage, on rencontre des gens et c'est là que des histoires d'amour se forment pour certains.

Parmi ses amis, il y en a qui sont en couple. Léa a déjà pensé qu'elle pourrait elle aussi se trouver un petit copain, mais au final, elle ne veut pas forcer la chose. Elle pense que l'amour doit venir naturellement, que c'est après une période d'amitié que les choses se font : il ne faut rien forcer, si ça se passe c'est bien, sinon ce n'est pas grave.

Au lycée, elle ne se voit avec personne. Dans la rue, on la drague parfois, mais elle trouve ça un peu malsain. On l'a même demandée un jour en mariage quand elle avait 13 ans, au Suriname. Léa dit que l'amour, c'est aussi une question d'éducation. Sa grand-mère algérienne lui rappelle toujours de prendre son temps, de ne pas se précipiter, de faire ses propres choix. Pourtant, cette même grand-mère ne tenait pas le même discours à ses propres enfants : ils devaient se marier à 16 ans, un point c'est tout ! Pour Léa, l'amour évolue selon les cultures et les époques.

Léa se demande ce que sera sa vie, plus tard. Elle étudie aujourd'hui pour devenir médecin-militaire, mais elle craint que cette profession lui donne l'air "impressionnante" auprès de certains hommes. Léa trouve que l'on vit encore dans une société où l'on range les gens dans des cases : elle sait que les femmes ne sont pas toujours très bien acceptées dans certains métiers, elle ne veut pas que cela lui pose problème plus tard dans ses relations. Peu importe si son futur conjoint sera comptable ou militaire, elle tient à  ce qu'il la respecte et qu'il n'ait aucun complexe par rapport à son métier.

Quand elle évoque le militaire d'ailleurs, elle sourit mystérieusement : elle se rappelle qu'il y a quelques années, sa tante lui avait tiré les cartes et lui avait prédit un mariage avec un militaire. "On y croit ou on n'y croit pas, hein !", conclut-elle dans un rire.

Léa pense au final que son parcours se fera naturellement. Quelque soit sa vie amoureuse, elle espère être heureuse ; selon elle, à partir du moment où on est heureux avec l'autre, on n'a pas de regret.