CAROLINE & XAVIER

C’est une grande maison à colombages, dans la plus pure tradition alsacienne  ; une vigne serpente sur la façade, elle donnera bientôt des fruits, mais ce n’est pas encore la bonne saison. La demeure a abrité de nombreuses histoires d’amour: sur le toit, une des tuiles est signée «  Xavier und Catharina – 1820  », un couple dont Caroline ne sait pas grand chose, mais dont elle imagine beaucoup de bien. Par la suite, la grand-mère de Caroline a habité cette maison avec son mari, un Italien qu’elle avait rencontré au Luxembourg. C’est la maison où Caroline a grandi, bercée par la douceur, l’amour et les bons petits plats de ses grands-parents. Dès son plus jeune âge, elle a senti que ce n’était pas un lieu comme les autres. Elle se cachait le soir, quand sa maman venait la récupérer après le travail, ne voulant pas quitter la maison chère à son cœur.

Caroline a rencontré Xavier sur les bancs de l’église. C’était le jour de sa profession de foi  ; elle était installée à côté d’une amie, et lui a demandé qui était «  ce beau garçon  », assis à quelques mètres d’elles. Puis Caroline a ajouté, sans l’ombre d’un doute  : «  Je crois que c’est un coup de foudre, je crois que c’est mon futur mari.  »
Pour elle, c’était une évidence, elle ne peut pas l’expliquer. Du haut de ses 15 printemps, elle a décidé de faire le premier pas et d’aborder Xavier. Petit à petit, les deux adolescents se sont liés d’amitié et un an plus tard, Xavier est tombé amoureux  : «  Je ne crois pas vraiment au coup de foudre. Pour ma part, j’estime que notre relation amoureuse s’est construite après que l’on a été amis.  »

Alors, durant leurs études, Caroline s’est éloignée de la petite maison pour rejoindre Xavier en ville. Mais ça n’a pas duré bien longtemps: quand leur première fille est née, Caroline et Xavier ont pensé que la petite maison alsacienne serait un parfait nid d’amour. Ils y ont alors emménagé pour fonder une famille. Au début, Xavier avait un peu de mal  ; il était un enfant de la ville, cela lui paraissait bizarre que tout le monde se connaisse, que les voisins s’épient derrière les rideaux, ou que la famille de Caroline débarque en plein milieu de l’après-midi pour partager un café. Au final, il s’est très bien adapté à la vie du village  ; il y connaît plein de monde, et apprécie cette proximité, cette façon de vivre.

Aujourd’hui, la maison a été réaménagée à leur goût. Caroline et Xavier sont parents de trois enfants, et ils mettent un point d’honneur à faire vivre un vrai «  esprit de famille  »  dans la demeure : manger ensemble, papoter à table, «  comme dans la culture italienne  » que Caroline aime à entretenir. Chaque année, ils laissent la maison pour quelques jours et visitent de nouvelles villes. Ils essaient d’ouvrir leurs enfants au monde, et si un jour ils souhaiteront partir faire leurs études ailleurs, à l’étranger, ils les soutiendront. Peut-être même que Caroline et Xavier déménageront, pour être plus proches de leurs enfants  ; malgré tous les souvenirs, tout l’attachement qu’elle a pour cette maison, Caroline ne veut pas que ce soit un frein à l’aventure de la vie.

Les enfants n’ont pas forcément envie de quitter cette maison tout de suite. Quand on leur demande s’ils aimeraient y vivre, plus tard, quand ils seront adultes, les trois jeunes gens sont enthousiastes. Et se partagent déjà les étages.